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Abbygaelle est née à Miami où elle a grandi en ne manquant de rien. Fille d'un avocat renommé, elle a toujours eu ce qu'elle voulait, une belle maison avec piscine dans laquelle elle pouvait inviter ses amies, une belle jument avec qui elle adorait aller se balader, et une belle voiture pour aller au lycée. Elle avait la belle vie, beaucoup le lui disaient. Elle était bonne élève, faisait la fierté de ses parents, et de sa famille. Elle avait une meilleure amie, une personne à qui elle pouvait tout dire et avec qui elle pouvait tout faire. Les deux jeunes filles étaient inséparables, même alors que seule la rue les séparaient. Charlie et Abby passaient tout leur temps ensemble, un coup chez l'une, un coup chez l'autre. Et Abby savait qu'il n'y avait qu'elle qui pourrait la comprendre, et même si beaucoup souhaitaient être son ami, elle ne voulait qu'elle.
Au fil des années, Abby apprenait les choses de la vie, les premiers amours, les sorties, les garçons. Lors de sa première année de lycée, elle rencontra celui qui allait chambouler son coeur durant un moment. Il s'appelait Alaric, allait dans le même lycée qu'elle mais il avait déjà deux ans de plus qu'elle. Elle craqua tout de suite pour lui, comme beaucoup de filles. Il était beau, très beau, et faisaient se retourner les têtes derrière son passage. Alaric était un artiste, toujours couvert de peinture, assis sous un arbre entrain de peindre ou dessiner, les cheveux mi-longs volant avec la petite brise. Il avait l'air sauvage tout en ayant un petit côté mignon. Il était tout à fait son type. Un garçon qui sortait de l'ordinaire. Elle avait essayé pas mal de fois de l'aborder, afin d'apprendre à le connaître, mais sa timidité l'avait emporté. Jusqu'à ce jour avant les vacances où elle avait trouvé un dessin d'elle entièrement crayonnée entrain de rire aux éclats, dans son casier. Elle savait très bien de qui ça venait, et l'avait cherché un moment. C'était sa chance. Et une fois qu'elle l'avait repéré entrain de sortir de l'établissement, elle avait couru, le plus vite qu'elle pouvait afin de le rattraper.
Elle l'avait remercié, avec un grand sourire et il avait fait de même. Et ils avaient continué à parler, elle adossée contre sa voiture, et lui juste devant elle, ne la lâchant pas des yeux. Le courant passait tellement, elle se sentait plus qu'à l'aise avec lui. Leur histoire avait duré presque un an. Un an de bonheur où tout allait très bien. Mais lorsqu'elle eu dix-spet ans, tout changea. Enfin pas tout, seulement elle. Elle voyait son corps réagir étrangement dans certaines situations. Elle avait failli se bruler avec le barbecue de ses parents, mais son bras n'avait rien eu. Pourtant elle avait bien senti la flemme s'attaquer à sa peau. Un coup d'oeil et elle manqua de s'étouffer. Sa chair s'était transformée en quelque chose de plus dur, plus vert, comme une peau de crocodile. Sur le coup, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais au fil des tests qu'elle faisait sur elle même, elle comprit. Elle faisait partie de ces Evos, des êtres humains dotés de pouvoirs un peu étranges. Ils étaient assez rares à cette époque, mais elle en avait entendu parler au lycée après avoir vu une vidéo sur le net. Ils existaient réellement alors.
Après cette découverte, Abby n'était plus la même. Elle se renferma sur elle même, parlait beaucoup moins, et se mit en froid avec sa famille. Ses parents ne la comprenant plus pensaient qu'elle faisait une crise comme tous les adolescents de son âge. Abby n'avait jamais osé parler à qui que ce soit de ce qu'elle pouvait faire. Elle essayait de ne pas se mettre dans de mauvaises postures afin de se protéger le maximum. Alaric ne l'avait pas supporté. Il n'aimait pas qu'Abby lui cache la vérité, et s'imaginait tout un tas de scénarios sur ce fameux secret. Ça avait fini par les séparer. Et pour ne pas arranger le moral de la blonde, sa meilleure amie déménageait. Ses parents s'installaient à Odessa, au Texas, et c'était terriblement loin pour la jeune fille. Elle avait pleuré des jours et des jours, à n'en plus pouvoir.
Mais la vie reprenait son chemin un jour ou l'autre. Abby se fit de nouveaux amis, avait changé d'écoles pour aller dans une école d'équitation. Elle avait choisi l'internat, afin de se libérer un peu de l'influence de ses parents pendant qu'elle était à l'école. Très vite, elle commença les concours et se classaient bien. Elle avait commencé une carrière de cavalière professionnelle, et faisaient des spectacles de voltige dans des cirques. Ce qui avait été source de conflits pour ses parents qui auraient préféré la voir dans un autre milieu que le cirque. Ce n'était pas pour une fille de bonne famille. Abby leur avait fait comprendre que c'était son choix et qu'ils ne pourraient jamais rien y changer. Lors de ses vingt-six ans, elle avait subi la dispute de trop, les reproches de trop, et avait décidé de partir. Elle avait rassemblé quelques affaires dans une valise et chargea sa voiture. Son père, furieux, lui avait arraché les clés des mains, car c'était lui qui lui avait payé cette voiture et qu'elle ne pouvait pas l'utiliser pour partir comme ça. La jeune fille avait éclaté, les poils de son bras s'érissant sous la colère. Si c'était comme ça qu'il le prenait, alors elle lui laissait. Elle fila aux écuries et prépara Shirley, sa jument. Elle grimpa sur son dos et attrapa sa valise comme elle pouvait, avant de finalement, partir à cheval et sans un regard pour son père. Sa mère n'avait pas quitté la cuisine, et Abby en fut plus que déçue. Mais ils l'avaient cherché.
Elle avait fait un long voyage, en faisant des pauses pour reposer sa jument, car la route jusqu'à Odessa était longue et fatigante. Elle voulait voir Charlie, il n'y avait qu'elle à qui elle voulait parler à cet instant.
Elle arriva dans une ferme où elle demanda gentiment qu'on lui garde sa jument le temps qu'elle aille à Odessa et qu'elle revienne la récupérer. Elle avait tout prévu, elle irait voir Charlie, puis se chercherait un appart ou une maison pour pouvoir y garder la jument, et un nouveau travail. Elle accepterait tout, et prendrait un nouveau départ. Et c'est sur le bord de la route, sous un soleil de plomb, qu'Abby marche depuis quelques heures, en attendant qu'une voiture veuille bien la prendre.